En 1900, la Belgique connut un âge d’or en peinture. Penchons-nous particulièrement sur les Luministes. Si Émile Claus est particulièrement célèbre, il existe d’autres membres de ce courant artistique beaucoup plus abordables. Rencontre avec Tom Hillen, fondateur de Chastelain & Butes, à Gand, en Belgique
Spécialisé en XIXe et XXe siècles, Tom Hillen, de la Galerie Chastelain & Butes, invite au travers de ses sélections à porter un autre regard sur les deux siècles passés. Il aime partager ses découvertes qui viennent enrichir l’histoire de l’art. Parmi les mouvements qui lui tiennent à cœur, figure le luminisme belgo-néerlandais, qui, entre 1904 et 1914, donna à la lumière le rôle principal dans les tableaux.

« Pour une galerie gantoise consacrée aux arts de 1850-1950, le Luminisme s’avère incontournable avec Claus à Astene, Montigny à Deurle, les brumes de Latem fixées sur toile », remarque Tom Hillen. « Au-delà de cet ancrage territorial, le mouvement relie l’impressionnisme, le fauvisme flamand et les premiers élans expressionnistes. Portépar des musées comme MuDeL(Deinze), MSK (Gand) et KMSKA (Anvers), le luminisme éclaire la scène internationale tout en offrant à Gand son identité la plus…lumineuse. »
Un beau succès dans les expositions
Depuis cinq ans, notre spécialiste remarque que le luminisme monte en puissance, et rappelle qu’à la BRAFA 2025, La Fenaison, d’Émile Claus, s’est vendue plus d’un million d’euros. Les institutions jouent un rôle prépondérant dans la redécouverte de ce mouvement. L’exposition Émile Claus, Prince du Luminisme » aura accueilli plus de 120 000 visiteurs en quatre mois, l’année dernière (Au MuDeL musée de Deinze et du Pays de la Lys). Une autre exposition, Sluijters et les Modernes, a totalisé 215 000 entrées en 2022 à Singer Laren (aux Pays-Bas). Selon Tom Hillen, « la rétrospective Jenny Montigny annoncée au MSK (Gand) pour 2026, devrait maintenir, voire augmenter cette demande ».
Une large offre de prix
Grâce à cette mise en avant de ces artistes,le profil des acheteurs se diversifie ; une génération de quadragénaires, cadres et entrepreneurs, séduits par cette peinture lumineuse a déjà rejoint les collectionneurs plus anciens.

Marchand depuis 2019, Tom Hillen souligne que « les œuvres majeures de Claus atteignent des sommets, mais ses petits formats — ainsi que ceux de De Smet, Montigny, Huys ou De Weert — se vendent entre 10 000 à 50 000 euros ». Il ajoute que : « De belles pièces de Clesse, Sys ou Van Loo se négocient encore entre 5 000 et 10 000 euros. » Certaines peintures luministes demeurent donc abordables pour les jeunes collectionneurs et les amateurs sensibles à cette esthétique tactile et colorée.
À partir de 5 000 €, l’amateur pourra acquérir des œuvres de Clesse, Sys ou encore Van Loo. S’il vise un nom reconnu tels Montigny, Huys ou De Weert, il faudra qu’il prévoie plus de 15 000 euros. Un petit format de Claus, le fondateur du mouvement Vie et Lumière, se vendra également au-delà de ce montant. Les pièces-phares, les grands Claus et les paysages emblématiques de Léon De Smet, peuvent atteindre jusqu’à 80 000 euros, voire plusieurs centaines de milliers d’euros.
Diverses façons d’acheter
Si Internet, avec notamment des plateformes comme Antikeo, représente une part croissante des ventes de Chastelain & Butes, les collectionneurs en se déplaçant peuvent ressentir la toile, ses couleurs, sa matière, ses vibrations. D’où une stratégie hybride mise en place par la galerie qui allie visibilité numérique pour l’amorce, et rendez-vous en galerie ou sur un stand, lors d’un salon, pour conclure la transaction, particulièrement pour les œuvres de grands prix.

Actuellement, les petits formats lumineux d’Émile Claus, des études de Lys, ciels neigeux ou bouquets vifs ont la ferveur des amateurs, dans la mesure où les prix restent raisonnables et la signature rassurante pour les acheteurs. Viennent ensuite les toiles importantes des frères De Smet, de Jenny Montigny, de Modest Huys et d’Anna De Weert. Les collectionneurs recherchent les scènes de jardin ou de rivière au chromatisme intense, d’autant plus lorsque celles-ci sont inédites sur le marché ou sont peu passées en salle des ventes.
3 conseils de Tom Hillen pour acheter une première œuvre
I
Choisissez d’abord avec le cœur. Le tableau doit encore vous émouvoir dans vingt ans, la joie quotidienne qu’elle procure reste le seul rendement garanti. « Si l’œuvre vous parle à chaque regard, votre acquisition sera toujours réussie, même si le marché ne multiplie pas la mise »
II
Vérifiez la fraîcheur de la touche, l’harmonie des couleurs, l’état de conservation du tableau.
III
Fixez-vous un budget réaliste : il vaut mieux un petit format émouvant et vibrant qu’un compromis pour un grand tableau.