L’Art nouveau ou Modern’Style naît à la fin du XIXe siècle en réaction au manque d’innovation en matière d’arts décoratifs. Il marque le passage au XXe siècle et prend le nom de style 1900. De fait, depuis le Second Empire, le mobilier consiste en de viles copies de styles précédents. L’Art nouveau dérive du mouvement Arts and Crafts, initié par William Morris au Royaume-Uni. Ce nouveau mouvement se propage en Europe et revêt des formes différentes. Il dispose d’une importante influence en matière d’arts décoratifs, d’architecture, de joaillerie,… L’article “Comment reconnaître l’Art nouveau ?” vous donnes quelques unes des caractéristiques principales de mouvement unique qui clot défintivement le XIXe siècle.
L’Art nouveau, contrairement aux styles précédents, n’est pas homogène. Par exemple, l’Art nouveau de l’Ecole de Nancy ou de Victor Horta est considérablement différent de celui de la Sécession Viennoise. Cela s’explique, en grande partie, par les inputs qui donnent naissance à l’Art nouveau. De fait, ce style naît avant tout dans des pays où l’académisme n’est pas vénéré et où l’architecture est indépendante des grandes sociétés immobilières. Par conséquent, ce sont les particuliers qui financent eux mêmes leurs habitations et qui permettent à des architectes tels qu’Horta de se faire connaître. De même, en Autriche, sous l’impulsion de l’Empire, l’architecture et les arts décoratifs se transforment. En Angleterre, a contrario, l’Art nouveau se manifeste avant tout au sein des arts décoratifs.
Toutefois, de manière générale, nous pouvons identifier quelques lignes directrices. De fait, l’asymétrie, les lignes courbes, les formes issues de la nature et du règne végétal sont l’une des caractéristiques de l’Art nouveau. Enfin, en matière de mobilier, l’ornementation prime sur le confort. A ce titre, les décors s’illustrent au travers de l’utilisation de nouveaux matériaux développés par la Révolution Industrielle, tels que le verre et le métal.
I. L’Art nouveau, un art total
L’une des principales caractéristiques de l’Art nouveau est qu’il s’agit d’un art dit total. Ce qualificatif est motivé par la volonté, à la toute fin du XIXe siècle, d’opérer une synthèse entre les arts. Cette volonté, issue du Romantisme, est promue en grande partie par le compositeur Richard Wagner. L’art total a pour vocation de toucher les cinq sens : la vue, l’ouïe, l’odorat, le toucher et le goût. Les artistes de la période Art nouveau ont pour ambition de rendre l’esthétique et le beau accessibles à tous. Cette philosophie devient possible grâce à l’industrialisation qui permet des production à grande échelle. La bourgeoise et la classe moyenne disposent alors de mobilier Art nouveau.
En outre, l’Art nouveau devient art total en ce que ses pères fondateurs sont polyvalents. De fait, un architecte conçoit des constructions bourgeoises et luxueuses comme des bâtiments destinés à la classe populaire. Tel est le cas de l’architecte belge Victor Horta qui crée de splendides et riches maisons d’une part et qui, d’autre part, est à l’œuvre pour la construction du siège du Parti Ouvrier Belge, la Maison du Peuple. Qui plus est, non content de voyager entre les différentes strates de la société, les artistes Art nouveau excellent dans diverses techniques. Tel est le cas d’Emile Gallé. De fait, si ce dernier est principalement connu pour son travail du verre, il réalise aussi du mobilier art nouveau en marqueterie.
II. Les lignes de l’Art nouveau
L’Art nouveau s’inspire des formes et lignes offertes par la nature. Par conséquent, il rompt avec la ligne droite au motif que cette dernière n’est pas naturelle. A contrario, il valorise la ligne souple, ondulante, asymétrique, continue et charnelle. Il s’agit de la ligne dite « coup de fouet ». Les angles ne sont jamais vifs, et l’ensemble ne dispose jamais d’une véritable géométrie. Par ailleurs, cet art total valorise l’entremêlement de courbes, de contre-courbes, de lignes sinueuses, … En cela, il se rapproche quelques peu du style Louis XV. De fait, les deux présentent une asymétrie totale des lignes et les présentent comme la nature le ferait. Il s’agit d’une des caractéristiques clés de l’Art nouveau.
En matière de mobilier, ces lignes se traduisent par des montants ornés de moulures nerveuses et sinueuses, tels des tiges de plantes. Les plateaux de table prennent la forme de fleurs, les lits et leurs chevets revêtent la forme de libellules ou de papillons,…
III. Ornementation de l’Art nouveau
L’ornementation du style Art nouveau se veut variée. Grand amateur de lignes sinueuses et de courbes, ce style s’inspire de divers vocables. En voici les principaux, afin de reconnaître l’Art nouveau.
La femme et l’Art nouveau
La femme devient un objet de contemplation pour les artistes Art Nouveau. La Sécession Viennoise en fait d’ailleurs son effigie. La femme est idéalisée. Ses lignes fines et élancées, le creux de ses hanches, sa chevelure au vent et ondulante sont autant d’éléments qui inspirent l’Art nouveau.
La végétation et l’Art nouveau
L’Art nouveau est avant tout une ode à la nature et au règne végétal. Toutefois, il ne s’agit pas d’utiliser simplement le vocable végétale de manière figée, tel le style Louis XV. L’Art nouveau met la nature en relation, en mouvement. Les différents éléments végétaux entretiennent des liens les uns avec les autres et sont en interaction avec les animaux.
Les végétaux proviennent d’origines très variées. D’une part, nous trouvons un grand nombres de fleurs de nos régions. Il s’agit de fleurs des champs telles que le chardon, le coquelicot ou le pavot. D’autres fleurs comme les anémones bleues, les tulipes, les clématites, les volubilis ou les iris participent à l’ornementation de Art nouveau. D’autre part, alors que le Japon s’ouvre au monde extérieur au milieu du XIXe siècle, des fleurs jusqu’alors peu connues apparaissent dans l’ornementation. Il s’agit, entre autres, de lotus, de palmiers, de nénuphars ou encore des célèbres sakuras.
Le règne animal et l’Art nouveau
L’Art nouveau rend également hommage au règne animal. De fait, les animaux et insectes deviennent des éléments de décorations privilégiés. Il s’agit, notamment, de cygnes ou d’oiseaux. Les insectes deviennent les vedettes de l’ornementation Art nouveau, que ce soit des libellules, des papillons, des scarabées ou des coccinelles.
En outre, d’autres organismes plus insolites tels que des crapauds, des têtards, des pieuvres ou des méduses agrémentent les décors Art nouveau.
IV. Les matériaux de l’Art nouveau
L’Art nouveau se développe en pleine Révolution Industrielle. Par conséquent, de nouveaux matériaux comme le verre, le fer ou la fonte servent à la confection de nouveaux objets. Le fer forgé fait son apparition, notamment pour orner certaines pièces de mobilier. Le travail du verre et plus particulièrement du vitrail s’intègre dorénavant dans le mobilier.
Le travail du bois, quant à lui, sert à la réalisation de meubles et de sculptures. L’Art nouveau privilégie des essences telles que le sycomore, le noyer, l’érable, le citronier, le platane ou l’acajou. Le pitchpin, découvert durant la seconde moitié du XIXe siècle, sert également à la réalisation de certains meubles.
Enfin, les grandes figures de l’Art nouveau telles qu’Horta, Van de Velde ou Majorelle dispose également de fonderie qui leur permettent de réaliser des éléments de bronze. Il s’agit, la plupart du temps, de poignées, de serrures, ou de sabots. Ces éléments de bronze revêtent des formes végétales et complètent l’ornementation du meuble. Elles permettent facilement de reconnaître l’Art nouveau en matière de mobilier. La plupart du temps, les bronzes d’un meuble sont uniques, en ce qu’ils sont uniquement créés pour ce meuble.
V. Types de meubles Art nouveau
Le mobilier art nouveau est extrêmement varié, tant quant à la qualité de la production, qu’au niveau de la diversité de meubles. De manière générale, le mobilier Art nouveau se caractérise par ses lignes sinueuses, ses courbes, sa dysmétrie, ses effets de draperies, ses bronzes et, parfois, sa marqueterie.
Le meuble Art nouveau : composante d’un art total
Comme nous l’avons expliqué plus, l’une de ses principales caractéristiques de l’Art nouveau est d’être un art total. En conséquence, le mobilier qui s’y rapporte n’échappe pas à cette dichotomie. La notion d’art total s’exprime par ses deux composantes en matière de mobilier.
D’une part, le création d’Art nouveau se voulant complète, le meuble créé par un artiste tels que Majorelle ou Horta répond d’abord à une demande précise. A ce titre, il vise à occuper une place déterminée dans un écosystème Art Nouveau qui se veut complet. Cette interdépendance entre l’immeuble et les meubles permet de reconnaître l’Art nouveau aisément.
D’autre part, l’Art nouveau a pour vocation première de rendre l’esthétique et la beauté accessibles à tous. Par conséquent, les grands meubles d’artistes sont copiés, et fabriqués de manière industrielle. Cela permet la production d’un mobilier démocratique Cette industrialisation du mobilier d’artiste atteint son paroxysme avec la création d’un mobilier Art nouveau industriel, par de grands marchands, qui s’inspirent des meubles d’artistes mais s’en détache.
Les meubles d’artistes
Le mobilier d’artiste se compose de meubles luxueux et uniques. Ce mobilier, en tant que composante d’un art total, a pour vocation première d’agrémenter un ensemble, et d’entretenir une dialectique avec l’immeuble dans lequel il s’intègre. Par conséquent, chaque pièce reste unique, et remplit un rôle qui lui est propre, dans un espace prédéfini. Il s’agit, par exemple, de meubles de salle à manger double corps, de chambre à coucher avec un lit aux chevets intégrés, de chaises, de salon,… Ce mobilier d’artiste se complète par des luminaires, et autres objets d’art décoratif ad hoc, qui complètent parfaitement l’ensemble.
Ce mobilier, généralement commandé par une clientèle aisée des centres-villes, comprend des ensembles reprenant des salles à manger avec leurs tables aux nénuphars et leurs chaises aux dahlia ou encore des chambres à coucher, comprenant le fameux lit papillon,… Ces grands ensembles sont l’une des caractéristiques qui permettent de reconnaître l’Art nouveau.
Les reproductions industrielles de meubles d’artistes
Afin de répondre à une demande assez forte, certains artistes reproduisent de manière industrielle des modèles de meubles au départ originaux Art nouveau. Il s’agit de petits meubles, généralement signés par l’artiste qui en est le créateur originel. A titre d’exemple, nous pouvons citer les œuvres d’E. Gallé et H. van de Velde qui, bien qu’originales au départ, se répliquent en de nombreux exemplaires.
Le mobilier industriel d’inspiration Art nouveau
La production industrielle de mobilier Art nouveau abâtardit quelque peu les création des artistes Art nouveau. Cette production revêt parfois le nom de style « nouille ». La production de ces meubles se réalise à la chaîne et leur qualité est moindre. Le bois qui sert à la confection de ces meubles est, la plupart du temps, assez fin ou plaqué. La structure du mobilier est légèrement courbée, et s’agrémente de nervures moulurées et de décors floraux collés. Ces collections comprennent un nombre important de salle-à-mangers, de chambres à coucher complètes, de fauteuils, guéridons,..
Les différents types de meubles Art nouveau
Le mobilier Art nouveau comprend des pièces de mobilier déjà existantes sous les styles précédents, tels fauteuils, chaises, tables, guéridons, sellettes, tables gigognes, chaises, … Toutefois, la grande innovation réside en la création d’ensembles complets. Il s’agit, par exemple, de chambres à coucher qui comprennent un lit, des chevets, une garde-robe, des fauteuils,… Il en est de même avec les grands ensembles de salons ou de salles-à-mangers. En outre, il n’est pas rare que le mobilier s’intègre à l’immeuble. Il s’agit d’ailleurs d’unes des caractéristiques de l’Art nouveau. Tel est le cas des productions d’Horta. De fait, il arrive qu’une banquette s’intègre dans la balustrade d’un pallier, ou un meuble dans un corps de cheminée.
En outre, d’autres petits meubles ayant d’abord une vocation pratique et jusqu’alors délaissés, deviennent à la mode. Il s’agit, par exemple de porte-parapluies, de corbeilles à papier ou de casiers à musiques.