Pour Benoît Geisler, antiquaire depuis plus de dix ans, tout a commencé avec une tasse à café en porcelaine, une tasse litron d’époque Empire. « Ces objets datant des XVIIIe ou XIXe siècle avec un cheveu ou un éclat, sont disponibles dès 20 ou 30 euros. Dans une tasse de deux cents ans d’âge, on goûte, on boit à l’histoire ». Le fondateur de GSLR Antiques estime que : « En se servant des objets, on apprend à les apprécier : ils sont là pour nous servir et non l’inverse ».
Après avoir acheté sa première pièce, Benoît Geisler s’est mis à collectionner, pendant de longues années, des porcelaines anciennes, puis abandonna une carrière dans l’industrie pour devenir antiquaire. Des années plus tard, il parle avec une vive émotion de la dégustation d’un café dans une tasse Empire, dorée à l’intérieur. « Le café se confond avec l’or et donne l’illusion de boire de l’or. »

Pris au jeu
Notre spécialiste qualifie la porcelaine de « marché stable, avec des prix qui fluctuent peu ». Il observe que « la connaissance des acheteurs évolue et s’enrichit grâce à Internet ». Des novices se laissent rapidement prendre au jeu, tout comme Benoît Geisler à ses débuts, et acquièrent des pièces nécessitant des connaissances de plus en plus pointues, après avoir commencé par des objets communs. Si cette matière très fine présente un grain très blanc, le marché des antiquités actuel semble s’attacher surtout aux pièces dorées et polychromes.
[…]Dans une tasse de deux cents ans d’âge, on goûte, on boit à l’histoire » — Benoît Geisler

Entre 100 et 1000 euros, l’amateur pourra s’emparer d’une tasse en très bon état. A noter que les prix varient selon les manufactures. Si Sèvres nous a laissé les plus belles pièces, des manufactures comme Dagoty, Darte ou encore Schoelcher se démarquent par l’élégance de leurs lignes et la qualité de leur dorure.
Entre 250 et 1000 euros, le collectionneur peut trouver des coupes ajourées, et à partir de 150 euros et jusqu’à 800 euros, une belle verseuse. Pour une paire de vases Empire, il faudra prévoir entre 500 et 3000 euros, au moins.
Aujourd’hui, les créations datant des XVIIIe et XIXe siècle, en bon état ayant conservé leur dorure, remportent le plus de succès. Parmi elles, les tasses, les grands centres de table, les verseuses, les sucriers, les grands vases ou encore les services à thé.
Deux profils d’acheteurs de porcelaine
Benoît Geisler remarque deux profils d’acheteurs : « le néophyte qui se fait plaisir avec des pièces abordables et le collectionneur exigeant ». Plus précisément, ces acheteurs seraient « en majorité des hommes, qui sont à plus de 60 % des Français (pour le reste 30 % d’Européens et 10 % d’autres pays). »

Dernier antiquaire installé à Grenoble, Benoît Geisler et son épouse ne compte que cinq Grenoblois parmi ses 1500 clients ! Il vend 98% de ses porcelaines sur Internet, notamment grâce à des plateformes comme Antikeo. Il conclut que de belles photos favorisent les échanges, et les envois postaux simples facilitent ces transactions à distance. Quelques clics, quelques dizaines d’euros, et à vous les cafés d’autrefois et toute la délicatesse de la porcelaine, particulièrement du début du XIXe siècle.
5 conseils pour un premier achat
1. Se faire plaisir et choisir un objet à utiliser au quotidien.
2. Ne pas utiliser le lave-vaisselle car il fait disparaître les dorures. Utiliser un chiffon ou une éponge avec de l’eau pour nettoyer la porcelaine.
3. Faire attention aux marques des manufactures et aux faux, qui sont nombreux sur le marché.
4. Commencer par apprécier les autres manufactures avant de s’intéresser aux productions de Sèvres ou de Meissen. Votre œil pourra, le moment venu, faire la différence.
5. La dorure à l’or s’avère toujours jaune, mate ou brute.