Mise au tombeau

La Sculpture Haute Époque, accessible à un plus grand nombre d’amateurs

Article à retrouver en intégralité dans le numéro d’Aladin Antiquités n°418 de Novembre 2023

Alors que les néophytes peuvent considérer la sculpture Haute Époque comme l’apanage des musées ou châteaux, la baisse de sa côte, depuis six ans, la rend aujourd’hui encore plus abordable. À partir de 1 500 voire 1 000 €, l’amateur ou le curieux peuvent acquérir une sculpture Haute Époque de qualité.

Mais qu’entend-on par Haute Époque ? Elle s’étend du Moyen-Âge à la fin de la Renaissance avec le règne d’Henri IV (1589-1610) ou, pour certains, jusqu’au milieu du XVIIe siècle. Si la sculpture Haute Époque reprend souvent l’iconographie chrétienne, elle ne séduit pas seulement pour ces raisons-là. Eric Guécheff, expert FNEPSA, confie que son client le plus important n’est pas religieux, et que celui-ci lui a acheté quarante-cinq pièces sur les soixante que compte désormais sa collection.

En 2007, Eric Guécheff ouvre sa galerie éponyme et observe une baisse d’intérêt pour la Haute Époque ainsi qu’un vieillissement des collectionneurs au fil des ans. L’expert voit comme un défi la conquête d’une nouvelle clientèle, plus jeune. Selon lui, « il faut tout reconstruire et conquérir un public, en lui expliquant les différence entre les époques ». Le marchand insiste sur l’importance de présenter ces œuvres multi-centenaires, dans un cadre moderne qui correspond aux intérieurs contemporains. Force est de constater que la pureté des volumes et l’énergie de cette statuaire s’y intègrent merveilleusement.

Une présence chez soi

Eric Guécheff n’a plus de galerie aujourd’hui, et aura participé jusqu’à 14 foires par an, au cours de ces deux décennies. Aujourd’hui, il réalise 50% de ses ventes sur des plateformes comme Antikeo et l’autre moitié pendant les salons. Sur Internet, se manifeste majoritairement une clientèle, qui le connaît bien et avec laquelle une relation de confiance a été établie. Cet expert relève que la Vierge à l’Enfant, traitée en majesté ou debout, suscite toujours l’intérêt des amateurs. Quant aux saints patrons, ils s’avèrent également très convoités.

« La statuaire impose une présence, et représente un objet vivant que l’on regarde tous les jours », rappelle Eric Guécheff. Le marchand confie avoir acheté, en 1983, sa première statue à l’âge de 23 ans, et vivre encore aujourd’hui avec. À l’époque encore étudiant, il avait dû contracter un prêt pour acquérir cette Vierge de majesté. « Une véritable folie, dans les années 80 » enchérit ce collectionneur devenu marchand. Si, au XXe siècle, les prix s’avéraient stratosphériques, il faut compter aujourd’hui 1 000 € pour acquérir une sculpture de 30 ou 40 cm de hauteur, datant du XVIe siècle et représentant un beau sujet.

De collectionneur à marchand, une passion aux multiples facettes

Si la sculpture Haute Époque constitue une niche, celle de la statuaire religieuse, encore plus. Il s’agit de l’une des spécialités de Xavier Varaine qui a ouvert Le Jardin des Moines en 2020.

Collectionneur pendant douze ans, il ne propose que de l’art sacré, dans sa galerie, et confie qu’il s’agit d’un marché très confidentiel. Une analyse de ce secteur s’avère compliquée car cette spécialité réserve toujours des soubresauts étonnants, aves des montants déraisonnables, tandis que des pièces remarquables mettent parfois longtemps à trouver preneurs. Moins présents qu’à l’ouverture du Jardin des Moines, les Américains se sont désormais tournés vers l’orfèvrerie religieuse. L’antiquaire souligne que les amateurs peuvent acquérir des sculptures Haute Époque à des prix abordables : à partir de 1 500 €, on peut s’emparer d’un beau fragment de retable, et à partir de 3 000 € d’un ensemble plus complet.

Il conclut 70 % de ses ventes en ligne car il vend à beaucoup d’étrangers, notamment des Italiens, des Belges et des Allemands, et 30 % seulement à sa galerie. Parmi les sujets qui interpellent ses clients, il énumère les scènes de la vie du Christ, et particulièrement les représentations de la Sainte Famille, ainsi que les grands personnages bibliques ou certaines scènes bibliques très spécifiques. Certains amateurs cherchent un sujet très précis : pour exemple, la messe de saint Grégoire qui peut atteindre des prix très importants. Les grands groupes de retables qui sortent des représentations traditionnelles retiennent l’attention des collectionneurs, qui, en quête d’exclusivité et de rareté, prêtent aussi attention à la signature et au motif. Cet ancien collectionneur reconverti rappelle que : « cet art donne vie à des personnages, reconstitue des lieux, raconte des moments. » Tout particulièrement, les retables. Pour ce marchand, tels les portails des églises, ces sculptures constituent un véhicule de la foi et se caractérisent par des qualités didactiques. Témoins qui ont traversé les siècles, ces statues continuent de narrer des histoires universelles, qui viennent toucher au cœur…

7 conseils pour un premier achat

– Passer par un professionnel, un antiquaire ou un commissaire-priseur, car chacun engage sa responsabilité

– Un spécialiste aidera, en outre, pour la datation

– Avant de se concentrer sur la sculpture, penser au sculpteur, à l’artiste qui l’a créée,

cinq ou six siècles plus tôt

– Ne pas s’arrêter aux défauts de la pièce.

– Privilégier le coup de cœur

– L’imaginer dans son intérieur et accepter de vivre avec : on n’achète pas une sculpture

pour la ranger

– Veiller à la qualité de la polychromie, quand elle est présente