En ameublement, le style Empire succède au Directoire et commence aux alentours de 1803. Il prend fin avec la chute de Napoléon en 1815. Bien que la production de mobilier soit colossale, le style Empire est avant tout un état d’esprit. Ce dernier s’immisce aussi bien en architecture qu’en art décoratif… Deux architectes de l’époque, Charles Percier et Pierre Fontaine élaborent ce style sur demande de Napoléon.
Le mobilier Empire se caractérise par ses formes simples et massives, ses décors antiques, égyptiens et guerriers, et l’utilisation de l’acajou. Le meuble Empire devient extrêmement populaire et son nombre, colossal. Cet article vous présente une grille d’analyse afin de reconnaître le style empire également appelé style Napoléon 1er.
I. Les lignes du mobilier de style Empire
Le mobilier Empire se caractérise par ses lignes droites, orthogonales et des angles marqués. Il rompt définitivement avec les courbes des styles de l’Ancien Régime. La marqueterie, quant à elle, devient inexistante. Le bâti du mobilier est d’une extrême simplicité, recouvert de grandes surfaces lisses, plaquées d’acajou. Toutefois, il perd la légèreté du style Directoire et s’alourdit. De fait, le style Empire est le triomphe du meuble massif, lourd et imposant. Si le meuble Empire dispose de telles caractéristiques, c’est parce qu’il se veut avant tout une métaphore du régime politique sous les auspices duquel ils voit le jour. Il est imposant, constant, légitime et indélogeable, tout comme l’Empire lui-même.
II. Les décors du mobilier de style Empire
Le mobilier Empire rompt avec le bois sculpté et la marqueterie. L’ornementation s’effectue grâce à des éléments en bronze, mats ou brillants, dorés et ciselés. Plusieurs champs thématiques servent à décorer les meubles Empire.
Décors mythologiques, de l’Antiquité gréco-romaine et égyptienne
Tout d’abord, les motifs issus de l’Antiquité gréco-romaine restent des éléments privilégiés. Il s’agit, entre autres, de fleurons , de rinceaux de rais-de-cœur ou de palmettes. Des éléments mythologiques tels que des chimères, de centaures ou de griffons ailés ornent également le mobilier. D’autres décors comme des sphinx ailés, des sphinges monopodes, des renommées, des attelages antiques, ou des victoires ailées agrémentent certains détails.
De plus, les colonnettes et chapiteaux sont omniprésents dans l’ornementation Empire. Les colonnettes sont en bois massifs et leur base ainsi que leur chapiteau est en bronze doré. Les formes architecturales, tels que les frontons à la grecque soulignent le bâti épuré des meubles.
Par ailleurs, après le retour de Bonaparte de sa Campagne d’Égypte en 1799, des éléments issus de l’Antiquité égyptienne arrivent dans l’univers de l’ornementation Empire. Il s’agit de cariatides coiffées d’un klaft, de lotus, de scarabées ou de disques solaires.
Décors guerriers et impériaux
En outre, les représentations impériales et guerrières agrémentent de nombreuses pièces de mobilier. Les N couronnés, des couronnes de laurier, des étoiles à cinq branches ou encore des lances permettent de reconnaître le style Empire. L’abeille de l’Hymette, symbole du Premier Empire ou l’aigle impérial sont également omniprésents. D’autres décors animaliers agrémentent aussi le mobilier. Nous pouvons citer, à titre d’exemple, les têtes et griffes de lion, les cygnes ou les dauphins.
Par ailleurs, des casques et les boucliers romains représentant les victoires militaires s’ajoutent aux thématiques d’ornementation. D’autres emblèmes tels que des faisceaux de licteurs , des haches ou des lances sont également fréquents.
III. Les matériaux du style Empire
L’une des caractéristiques du style Empire est l’omniprésence d’acajou et de bronze ciselé et doré.
L’acajou
L’acajou est la principale essence utilisée dans la fabrication du mobilier Empire. Qu’il soit massif ou plaqué, clair ou foncé, il est surabondant. Il peut être flammé, moucheté, moiré ou ronceux. Toutes ces différences permettent d’obtenir un mobilier contrasté, souligné par des bronze d’une extrême finesse. D’autres bois plus clairs comme le citronnier, l’amarante ou l’if sont utilisés afin de contraster l’acajou.
L’omniprésence de l’acajou évince presque totalement la marqueterie. Cette dernière est anecdotique et s’illustre par de rares d’incrustations d’ébène, de laiton ou de nacre.
Sous l’Empire, les îles de Saint-Domingue et Cuba sont les principaux fournisseurs d’acajou. Toutefois, en 1806, alors qu’il est en guerre avec le Royaume-Uni, Napoléon déclare un blocus commercial. Le commerce étant interdit avec les Britanniques, l’importation de bois venant des colonies devient difficile. Les ébénistes recourent alors à des bois indigènes tels que l’orme, le frêne, l’érable, le thuya ou le noyer et le teintent afin d’imiter l’acajou.
Les bronzes
Le mobilier Empire est souligné par de nombreux éléments en bronze doré. Les bronzes sont ciselés en bas-relief et sont toujours symétriques. Ils décorent les grandes surfaces lisses d’acajou massif ou plaqué. Des frises de bronze agrémentent les moulures et autres éléments de relief. Les ébénistes Jacob Frères, déjà actifs sous les styles précédent, en font leur marque de fabrique.
Les tiroirs des commodes et autres meubles, généralement en acajou lisse, sont flanqués de poignées en bronze composé d’un anneau circulaire. Il peuvent être enchâssés dans une gueule de lion. Les entrées de serrure, quant à elles, tendent à être discrètes et ne sont pas systématiquement recouvertes de bronze.
Enfin, le bronze sert à la réalisation des piétements. Il s’agit, entre autres, de pieds en pattes de lions. Le fer forgé ou la tôle vernie peuvent servir à réaliser certains piétements. Ces pieds si caractéristiques permettent de reconnaître facilement le style Empire !
Le marbre
Un plateau de marbre coiffe systématiquement le mobilier Empire, que ce soit des commodes, des secrétaires, des dresses,… Pour les meubles bourgeois et moins somptueux, le choix porte sur un marbre blanc, une brèche d’Alep ou un marbre griotte. A contrario, le marbre de Carrare, des Vosges ou de Boulogne, le marbre noir ou vert antique recouvrent les meubles plus luxueux ou impériaux. Dans certains cas, le plateau peut même être en lapis-lazuli ou en porphyre.
IV. Les type de meubles du style Empire
Le mobilier Empire se décline en deux catégories. La première reprend le mobilier d’apparat, généralement de provenance aristocratique ou impériale. Il s’agit de meubles réalisés par de grands noms tels que Jacob-Desmalter. La seconde concerne le mobilier bourgeois, réalisé pour une classe sociale aisée. Cet article traite d’avantage de la seconde catégorie.
Nouveaux types de meubles
Le mobilier empire se compose des meubles élaborés lors des styles précédents et, notamment, durant le Directoire. Toutefois, quelques innovation sont à noter. L’armoire à glace, par exemple, fait son apparition. Il est en de même pour le bureau de ministre ou les lits bateaux. Enfin, le miroir psyché est l’une des grandes innovations du style Empire.
Les fauteuils et sièges de style Empire
Les chaises et fauteuils Empire s’inspirent des modèles antérieurs, notamment sous le Directoire. L’acajou sert à la réalisation du dossier des chaises et fauteuils.
Les dossier des chaises s’enroulent en crosse, les piétement se terminent en sabre en ou pattes de lion. Les dossiers sont soit capitonnés, soit ajourés. Dans ce cas, une lyre, une palmette ou autre motif géométrique agrémente le dossier. Les montants peuvent être flanqués d’éléments en bronzes dorés tels que des frises composées de palmettes, d’étoiles et de petites rosaces.
Si le siège curule, le dossier en hémicycle et la chaise gondole deviennent deux éléments de mobilier privilégiés sous le Directoire, leur heure de gloire se prolonge sous l’Empire. La carcasse se réalise en acajou et des bronzes agrémentent les pieds et les montants.
Les fauteuils Empires sont assez massifs et lourds. Ils sont toujours rembourrés et recouverts de tissu. Les accoudoirs sont soit raides soit aux motifs mythologiques ou animaliers. Dans ce cas, les montants sont en forme de sphinges, de chimères ailées ou de cols de cygnes. Le dossier est rectangulaire et s’enroule légèrement en crosse sur le dessus Par ailleurs, le fauteuil Empire se distingue en ce que son piétement antérieur ne s’interrompt pas à la ceinture de l’assise et vient directement s’emboiter dans l’accoudoir.
Le saviez-vous ?
La grande innovation en matière de sièges apportée par l’Empire est sans conteste le fauteuil d’officier. Les accotoirs de ces sièges sont concaves. Cela permet à un homme, le plus souvent un miliaire, de s’assoir sans enlever son sabre.
Les commodes et buffets de style Empire
Les lignes des commodes et buffets sont droites et architecturées, caractéristiques du style Empire. Les commodes se composent de trois tiroirs encadrés de deux colonnes ou motifs gainés tels que des sphinges ou des cariatides. Les poignées, généralement en bronze doré sont en forme d’anneaux. Un plateau de marbre recouvre le bâti. Certaines commode disposent de deux ventaux qui recouvrent les tiroirs, afin de disposer d’une surface lisse.
Le buffet, ou bas d’armoire, se compose de deux ou trois ventaux. Son plateau s’agrémente d’une plaque de marbre tandis que ses pans s’ornent d’éléments de bronze. L’intérieur s’organise généralement en étagères et non en tiroirs.
Les tables et guéridons de style Empire
Les tables et guéridons Empires sont généralement circulaires. Le plateau est soit en acajou, soit en marbre.
La diversité des piétements caractérisent ces guéridons et tables Empires. Ils peuvent être composés de sphinx, de sphinges ailées, de cariatides,… Les tables circulaires reposent sur des colonnes, elles-mêmes disposées sur un socle.
Les guéridons reposent sur un fut disposé sur un socle triangulaire. Ils peuvent également être composé de trois pieds pilastres reliés par une tablette triangulaire d’entrejambe.
Les lits de style Empire
Le nombre de lits de modèles différents est une caractéristique du style Empire. Toutefois, cette diversité est initiée sous le Directoire. Le lit de travers, disposé le long d’un mur reste en vogue. Il peut être placé sur une estrade ou dans une alcôve.
Le lit bateau fait son apparition. Il se confectionne en acajou et dispose d’un bandeau convexe, remontant vers le pied et la tête de lit. Ces derniers s’enroulent généralement en crosse sur le dessus. Le lit gondole est aussi à la mode. Deux courbes convexes, parallèles et continues en forment le bâti et se terminent en crosse enroulée vers l’intérieur. Ces deux lits sont caractéristiques du style Empire.
Les montant des lits s’agrémentent de bustes gainés ou de pilastres. Des motifs en bronze rapportés ornent les bandeaux.
Le lit est généralement accompagné d’une ou deux tables de chevet, appelées somnos. Elles sont réalisées en acajou, flanquées de deux pilastres et agrémentées d’éléments en bronze. Dans certains cas, elles peuvent être cylindriques.
Autres meubles de style Empire
D’autres formes de meubles naissent ou sont repensés au début du XIXe siècle et permettent de reconnaître le style Empire. Nous pouvons citer à titre d’exemple, le miroir psyché. Il s’agit d’un grand miroir pivotant, permettant à la personne de se voir des pieds à la tête. La table coiffeuse, surmontée d’un petit miroir qui s’inclinent voient le jour. Par ailleurs, bon nombre de bureaux, secrétaire et bonheur du jour voient le jour. Tel est le cas du secrétaire à abattant qui se voit flanqué de deux colonnes et d’éléments de bronze doré.
Les consoles deviennent également à la mode. Elles se placent généralement sous un trumeau et son piétement se compose de deux colonnes ou éléments gainés à l’avant qui rejoignent un socle. Dans certains cas, le piétement arrière intègre une glace qui sert de fond à la console. Enfin, des meubles plus volumineux tels que des bibliothèques ou des armoires à glace arrivent.
Comme nous l’avons précisé plus haut, le mobilier Empire bourgeois doit se distinguer des productions impériales et aristocratiques. Le mobilier bourgeois, bien qu’il soit produit sur une courte période de temps, foisonne. En effet, que ce soit par le biais d’antiquaires ou de sites de ventes d’antiquités, l’offre de mobilier Empire demeure colossale.
