Article à retrouver en intégralité dans le numéro d’Aladin Antiquités n°421 de Février 2024
Si le marché de l’art peut battre au rythme de certaines tendances qui se font et parfois se défont, les bronzes Art Déco échappent aux modes et offrent une rassurante stabilité depuis plusieurs décennies. Ces sculptures témoignent d’un intérêt plus évident, plus durable et permanent pour un mouvement ainsi que de son intemporalité…
Toujours présents, les amateurs de belles pièces manifestent un vif intérêt pour les bronzes Art Déco. La demande reste très soutenue chez les connaisseurs, environ 50 % en France et 50 % à l’international, selon Jean-Pierre Roche, marchand spécialisé, depuis 1980, dans les représentations féminines de toutes époques. Aujourd’hui, codirecteur de la Galerie Antiquités Le Centre Ville, lui, qui a commencé par collectionner au cours de ses études de sciences politiques, confie avoir envoyé en décembre dernier à New York : une sculpture de Lucien Alliot (1877-1967). Ces derniers mois, outre les Etats-Uniens, des amateurs de Suisse, de Taïwan, de Belgique se sont portés acquéreurs.
Mêmes observations de Philippe Brousmiche, directeur de Galerie De l’Art-Déco à l’Art du Décor ! Ce dernier n’observe pas réellement d’évolution sur le marché, qu’il considère comme stable. Spécialisé en Art Déco depuis 25 ans, il constate que ce mouvement ne décote pas et demeure une valeur sûre. Les pièces Art Déco s’associent merveilleusement au Design ou encore à l’art contemporain, qui ont le vent en poupe.
Internet au service d’un mouvement artistique
Peu de bronzes Art Déco passent sur le marché, c’est pourquoi dégager des tendances s’avère compliqué. Les couples aisés et les collectionneurs continuent de s’enticher pour ces pièces. Jean-Pierre Roche conclut deux tiers de ses ventes sur Internet, et notamment sur des plateformes tel Antikeo, et l’autre tiers à sa galerie sise à Bordeaux. Si Internet facilite les ventes à travers toute la France et à l’international, il permet aussi aux amateurs de repérer des pièces, avant de venir les découvrir en galerie.
Quant à Philippe Brousmiche, il n’a plus de magasin depuis 6 ans. Désormais, il travaille exclusivement sur le web et participe à quelques salons, parmi lesquels la Foire de Chatou. Il vend 70% de ses sculptures pendant des salons et 30% sur Internet car ses clients apprécient généralement de voir les bronzes.
« Toutefois, le profil des acheteurs a légèrement évolué grâce à Internet, et plus précisément aux plateformes et aux maisons de ventes », souligne Philippe Brousmiche. Il observe que plus de personnes prennent connaissance des bronzes Art Déco grâce à ce biais-là. Généralement, les acheteurs, des personnes établies avec un certain niveau de revenus, se révèlent être des amateurs éclairés. En revanche, il existe des collectionneurs issus de tous milieux sociaux. « Ce qui caractérise le collectionneur », selon Philippe Brousmiche.
Premiers pas vers une acquisition
« Pour une première acquisition, il est possible, avec un budget s’échelonnant entre 1000 et 5000 €, de se faire plaisir avec une jolie pièce en fonction de son importance et de l’auteur », selon Jean-Pierre Roche. Celui-ci précise : « Selon l’auteur, cela peut naturellement grimper bien plus haut, mais il est toujours possible de garder ces sculptures-là en tête pour des acquisitions ultérieures. » Affichant un prix à 2 400 €, cette Danseuse au thyrse, bâton entouré de feuilles, attribut du dieu Bacchus, sculpture de Pierre Lefaguays (1892-1962) en témoigne. Ce travail se rapproche de l’œuvre de Demetre Chiparus (1886-1947), grand nom de ce courant. Jean-Pierre Roche avoue, parmi ses préférences, notamment le sculpteur italien, Hugo Cipriani (1887-1960).
Quant à Philippe Brousmiche, il rappelle que les bronzes Art Déco recouvrent un très large répertoire, et aucun sujet ne se dégage : les animaux, les danseuses et les gymnastes se vendent tout aussi bien. Philippe Brousmiche affectionne tout particulièrement Claire (Jeanne Roberte) Colinet (1885-1972), qui a réalisé de très beaux bronzes au rendu très élégant. Cette danseuse exotique, proposée à 800 €, l’illustre merveilleusement. Sur le marché, l’amateur peut donc trouver des sculptures entre 800 € et 40 000 €, voire davantage…
8 conseils pour un premier achat :
- Se rapprocher d’un professionnel de confiance. Se méfier des copies.
- Regarder la pièce avec ses yeux ; ne pas chercher tout de suite la signature mais observer tout d’abord la sculpture et sa patine.
- Tomber amoureux du bronze puis prendre le temps de la réflexion.
- Faire une recherche comparative avec le nom du sculpteur et celui du fondeur. Et se donner 15 jours de réflexion.
- Négocier le prix au mieux, ne pas se précipiter.
- Se donner du temps pour que l’achat passion se transforme en achat raison.
- Attention aux pièces non-signées ou non-certifiées sur la facture remise par le vendeur. Ce point concerne également le fondeur. La facture doit certifier l’authenticité et mentionner « Sculpture de … » et non « d’après… » ou « attribuée à … » ou « dans le goût de… ».
- Éviter de stocker son bronze dans un milieu humide. Seul entretien : le dépoussiérage.