Art premier Océanie

Art Océanien

Couvrant quelques 1 800 cultures et langues, l’art premier d’Océanie aussi appelé art tribal océanien ou art primitif d’Océanie est longtemps passé inaperçu. Cet art englobe pourtant les objets créés par les peuples indigènes d’une région géographique couvrant près d’un tiers de la surface du globe, de Tonga et Tahiti en Polynésie aux îles éparses de Mélanésie et de Micronésie. Composée de quelque 20 000 îles du Pacifique et de près de 1 800 cultures et langues, l’Océanie est l’une des régions les plus diverses de la planète.

I / L’Art et la matière

Le marché de l’art océanien s’est établi à la fin du XVIIIe et au début du XIXe siècle, lorsque les premiers explorateurs, commerçants et missionnaires sont revenus en Europe avec des objets ethnographiques. Ces objets ont d’abord été collectés et exposés en tant que “curiosités” dans toute l’Europe, avant d’être acquis par des musées et des collectionneurs privés. Au début du XXe siècle, les artistes et marchands d’avant-garde de Berlin et de Paris, dont Matisse, Picasso, André Derain, Paul Guillaume et Guillaume Apollinaire étaient devenus de fervents collectionneurs d’objets ethnographiques, les considérant comme des œuvres esthétiques à part entière.

L’art de l’Océanie se divise en deux grandes catégories, correspondant aux années précédant et suivant le contact avec l’Occident. Les peintures et gravures rupestres des Aborigènes d’Australie, dont on pense qu’elles datent de plus de 40 000 ans, sont les plus anciennes œuvres d’art océanien encore existantes.

L’ampleur de l’Océanie rend la catégorisation stylistique de son art complexe : les objets varient en taille et en forme selon les îles d’où ils proviennent, et leur matérialité, texture et splendeur diffèrent selon leur fonction, rituelle ou autre. En simplifiant on pourrait dire que l’art mélanésien trouve des qualités graphiques et oniriques, là l’art polynésien propose plutôt des formes simples et géométriques.

Aujourd’hui, le marché de l’art océanien concerne principalement les œuvres conçues à l’origine pour un usage cérémoniel. En effet, fabriqué à des fins rituelles, une grande partie de l’art océanien est associé à des propriétés spirituelles et fabriqué à partir de bois dur ou tendre, selon son origine géographique. Il peuvent être orné de sculptures détaillées, de plumes, de perles ou de coquillages. L’argile, l’ivoire de cachalot et la pierre sont parmi les autres matériaux les plus couramment utilisés dans l’art océanien.

Les artistes créateurs de l’art océanien sont généralement inconnus, de sorte que sa valeur marchande est grandement influencée par la provenance, l’état et la rareté.

II / Zones Géographiques

1) L’Art océanien en Mélanésie

L’art mélanésien, qui couvre le Vanuatu, les îles Salomon, le détroit de Torres, la Nouvelle-Calédonie et la Papouasie-Nouvelle-Guinée, est aujourd’hui le deuxième style d’art océanien le plus convoité par les collectionneurs sérieux.

Les masques de la région du fleuve Sepik en Nouvelle-Guinée, datant de la fin du XIXe siècle, comptent parmi les objets les plus recherchés de Mélanésie.

Les bois Malangan cérémoniels de Nouvelle-Irlande, ornements ou figures décoratives sculptés de manière complexe pour le cycle des rituels funéraires, sont également très populaires. Principalement destinées à honorer et à congédier les âmes d’un individu spécifique, les sculptures Malangan étaient généralement détruites, laissées à l’abandon ou vendues après le service.

Contrairement au Malangan sculpté de manière complexe dans le nord de la Nouvelle-Irlande, les figures d’ancêtres Uli du centre de la Nouvelle-Irlande sont moins ornées. De forme hermaphrodite et censées être imprégnées des pouvoirs spirituels du chef décédé, elles étaient traditionnellement conservées dans des maisons rituelles et défilaient lors de longs rites de fertilité, d’initiation ou funéraires.

2) L’Art océanien en Polynésie

L’art polynésien couvre 1 000 îles, dont la Nouvelle-Zélande, l’île de Pâques, les îles Cook, Fidji, les îles Marquises, Tonga et Hawaï.  Parmi ses premiers collectionneurs européens figuraient le capitaine James Cook ainsi que les artistes et scientifiques à bord du HMB Endeavour, qui a mis le cap sur l’Australie et la Nouvelle-Zélande en 1768.

Le lien entre l’art polynésien et les premiers voyages de découverte de l’océan Pacifique Sud en font le style d’art océanien le plus ancien et le plus riche historiquement sur le marché. C’est aussi le plus rare. En effet, une grande partie de l’art océanien a été détruite au début du XIXe siècle lorsque les cultures traditionnelles ont adopté le christianisme. La plupart de ce qui a survécu se trouve maintenant dans des collections publiques.

Parmi les objets polynésiens les plus convoités figurent les objets de l’île de Pâques, les bâtons de dieu de l’île Cook et les ornements maoris de Nouvelle-Zélande ; les sculptures en bois, comme les bols, les statues et les massues ; les objets associés aux voyages océaniques, notamment les pagaies et les proues de canoës ; ou tout objet cérémoniel présentant un intérêt artistique et culturel.

Les très rares figurines de Nukuoro, produites par les habitants de l’atoll de Nukuoro, une enclave polynésienne en Micronésie, sont susceptibles de figurer en tête de liste de tout collectionneur d’art polynésien.

PIPE sculptée de trois Wheku Culture Maorie, Nouvelle-Zélande
PIPE sculptée de trois Wheku Culture Maorie, Nouvelle-Zélande

La Polynésie est surtout connue pour ses Moai géants en pierre de l’île de Pâques. Les sculptures plus petites en bois de l’Île de Pâques, taillées pour honorer les ancêtres, sont très populaires parmi les collectionneurs car elles symbolisent l’une des sociétés polynésiennes les plus emblématiques

III / Focus sur 5 objets d’art premier océaniens

Monnaie Tolaï : “Tabu” – “Tambu”

La monnaie de l’ethnie Tolai dit “Tabu” ou “Tambu” est encore usitée de nos jours et possède une forte charge symbolique. Elle est entièrement composée de milliers de petits coquillages “nassa”  reliés entre eux par des éclisses enroulées pour former une sorte de très grand anneau, qui est considéré comme une importante monnaie de compensation.

Lorsqu’elles ne sont pas rassemblées, ces éclisses et leurs nassas (qui mesurent environ une cinquantaine de cm), servent encore de monnaie et sont acceptées en paiement d’achats du quotidien.
Les fils de nylon qui lient les éclissent sont utilisés depuis très longtemps. Ils sont souvent préférés à des fibres végétales locales qui sont moins résistantes dans le temps et également moins discrètes.

Figure de culte dite “Nogwi”

Figure de culte dite "Nogwi"
Figure de culte dite “Nogwi”

Très belle figure de culte dite “Nogwi” en bois dense collectée chez les Nokuma. La Nogwi intervient pendant la troisième cérémonie de l’igname célébrant sa récolte et symbolise la naissance de ce tubercule sacré. Elle vise à satisfaire les ancêtres pour obtenir une future bonne récolte. Cette troisième et dernière cérémonie est réservée aux initiés. Traces d’usage. Vendue avec un socle de présentation.

Ecorce peinte, maison de cérémonie, Papouasie Nouvelle Guinée

Ces peintures sur écorce de palmier sagoutier décorent les maisons de cérémonie et représentent de manière abstraite ou figurative les ancêtres et croyances des clans. Assemblées les unes aux autres, elles tapissent ainsi les cloisons de ces grandes cases prestigieuses. Les pigments sont naturels, d’origine végétale ou minérale. Ci-dessus, une écorce peinte collectée dans la région de Maprik, ethnie Abelam, en Papouasie Nouvelle Guinée

Tambour à fente appelé “garamut”

Tambour à fente appelé "garamut"
Tambour à fente appelé “garamut”

Ancien tambour à fente appelé “garamut”. Le tambour à fente sert principalement de moyen de communication, mais peut également servir à rythmer les cérémonies traditionnelles ou “sing sing”. Entièrement gravé de dessins tribaux présentant des visages. Têtes stylisées de part en part. Bois dense avec traces d’usage. Sons très tribaux. Pièce d’exception.

Détail d'un tambour à fente
Détail d’un tambour à fente

Tambour à fente appelé “garamut” qui sert principalement à transmettre des messages mais également à rythmer des cérémonies traditionnelles. Lors de ces dernières, le son produit par le tambour, frappé avec un bâton, est assimilé à la voix des ancêtres.
L’avant du tambour évoque une tête de cochon stylisé et l’arrière sa queue.
Utilisé horizontalement dans son village, nous l’avons soclé verticalement.
Collecté dans le village de Gererobi, aire Sawos, plaines du moyen sépik, Papouasie Nouvelle Guinée, Océanie.

Totem Kwoma

Ce type de pièce est attaché horizontalement, figures tournées vers le bas, à la charpente dans les cases de cérémonie.

case de cérémonie Kwoma
Case de cérémonie Kwoma

Dans notre exemple ci-dessous, six figures Minja évoquent le culte de fertilité observé lors des récoltes d’ignames. Notre exemple en bois et pigments naturels, totem de case de cérémonie Kwoma mesure 3,10 m et provient de la région des monts Wahkuk en Papouasie Nouvelle Guinée.

Totem Kwoma
Totem Kwoma

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