Pince à asperges art nouveau en argent

L’argenterie Art nouveau : des pièces qui tendent à devenir introuvables

La période de l’Art nouveau s’étend de 1895 à 1914, environ, mais tous les orfèvres n’ont pas réalisé des pièces de ce style. De nos jours, ces belles créations deviennent bien rares…

Tous les orfèvres de 1900 n’ont pas puisé leur inspiration dans l’Art nouveau, et d’autres n’ont réalisé que peu de modèles dans ce style, à l’instar de Christofle avec Orchidée, créé en 1912 pour le célèbre restaurant Maxim’s. Comme il se doit pour ce style, l’on retrouve des dessins évoquant la nature et ses courbes, les plantes, les animaux…

Galerie Pascale Drieux Antiquités, 3 assiettes Art Nouveau en métal argenté par Gallia Christofle, en vente sur Antikeo

Alain Marignac, de Toulouse et Paris, est un antiquaire spécialisé dans les arts de la table. Il souligne que, toutes époques de production confondues, « une partie de ce patrimoine disparaît, car beaucoup de personnes font fondre des pièces d’argenterie, car le cours de l’argent a fortement augmenté ces dernières années ». Cette raréfaction, il la constate au quotidien. « Au début des années 2000, notre galerie achetait fréquemment de très belles créations d’argenterie Art nouveau, tandis qu’elle a du mal à en trouver aujourd’hui ».

Galerie Ma grand-mère avait les mêmes, 12 porte couteaux Boulenger, en vente sur Antikeo

Un patrimoine rare

Durant une vingtaine d’années, la très soignée production Art nouveau témoigna de la prouesse technique des artisans. Elle nécessitait un savoir-faire pointu avec ses dessins ambitieux de courbes et l’utilisation du vermeil (alliage d’argent et d’or)…

Notre spécialiste égraine quelques noms qui ont marqué et porté ces créations : « Alphonse Debain, le précurseur, et Cardeilhac ont imaginé de remarquables modèles. Quant à la maison Puiforcat, elle a réalisé le modèle Iris, toujours très recherché. Deux autres marques sont aussi à guetter, Soufflot et Hénin. »

Galerie Ma grand mère avait les mêmes, Main à asperges Debain/ Puiforcat art nouveau, en vente sur Antikeo

Un marché qui s’internationalise

Notre antiquaire, Alain Marignac, participe deux fois par an à la Foire de Chatou, et vend également ses découvertes sur Antikeo. Il estime que sa clientèle se compose de : « 43 % d’Asiatiques, 34 % de Français, 6 % d’Américains et 5 % d’Allemands ». Les Anglais, déjà très bien pourvus en argenterie de leur pays, se portent, quant à eux, plutôt sur la verrerie.

« Antikeo fonctionne bien sur l’Art nouveau », estime notre marchand, dont la clientèle française en quête de pièces Art nouveau « est âgée de quarante ans et plus ». Les plus jeunes s’enthousiasment « davantage pour l’Art déco, qui est introuvable », précise ce fidèle de la foire de Chatou. Il a aussi observé que le marché de l’argenterie ancienne s’est beaucoup internationalisé, avec une montée en puissance des acheteurs asiatiques. En outre, ses clients cherchent « ce qui sort de l’ordinaire et apprécient notamment les couverts, services à fraises, à thé, à glace, à mignardises ; autrement appelés “Services à douceurs”. »

10 cuillères à glace art nouveau.
Galerie Ma Grand-mère avait les mêmes, 10 cuillères à glace Art Nouveau, en vente sur Antikeo

Enfin, il faut tenir compte des restaurations, notamment pour les couteaux. Pour ces derniers, il est préférable de garder les lames d’origine, en retirant la rouille pour ensuite les chromer (les lames des couteaux ne sont pas en argent). Quant aux timbales, elles ont souvent pris des coups et ont aussi besoin d’être restaurées.

Quelques prix de l’argenterie Art nouveau

  • En argent massif et vermeil, un beau service à glace : entre 900 et 1 200 €.
  • 12 couverts : entre 1 300 et 2 000 €, selon la taille.
  • Un petit service à hors-d’œuvre : environ 250 €.
  • Un service à mignardises (généralement 4 pièces) : environ 250 euros.
  • 12 couteaux coûtent environ 600 € pour les grands, et 300 € pour les petits.

4 conseils pour acheter une première pièce Art nouveau !

1-Acheter de l’argent massif. Il se conserve mieux et s’entretient plus facilement. Boulenger avait sorti des modèles Art nouveau : Chardons et Tulipes, en métal argenté, et en a également réalisé à la commande en argent. Il faut donc bien vérifier la matière.

2-S’armer de patience ! Il existe une vraie difficulté dans certains cas à composer une ménagère avec le même modèle. Pour exemple, on trouve aisément les couverts du modèle Chardon de Boulenger ; en revanche, il s’avère beaucoup plus compliqué de mettre la main sur les couteaux ou encore les fourchettes à huîtres, louches et autres pièces de service. Cela dit, on peut dépareiller les éléments, utiliser les grands couverts d’un modèle avec les petites cuillères, et choisir les poissons dans une autre ligne. Il faut juste veiller à garder la même forme de couvert et de manches.

3-Faire attention à l’usure. Pour le métal argenté, bien regarder les dents des fourchettes. Parfois, elles sont désargentées et ont pris des coups. Il faut s’assurer que les dents des fourchettes sont bien égales, sinon elles peuvent être égalisées. Cependant, dans ce cas elles perdent en longueur. En comparant une cuillère et une fourchette, il faut vérifier que les dents sont plus hautes que la cuillère, ou au moins égales à celle-ci. Idem pour les couverts à entremets.

4-Bien protéger ses pièces d’argenterie ! Tout un travail d’orfèvrerie n’existe plus aujourd’hui, en raison aussi de la fragilité de certaines réalisations. Par exemple, il faut impérativement conserver les pièces en vermeil dans des écrins.