commode Louis XVI

Comment reconnaître le style Louis XVI ?

A partir de la seconde moitié du XVIIIe siècle, l’esthétique en matière d’arts décoratifs se modifie. Le style transition (1750 à 1774) opère un éloignement des formes Louis XV. Le style Louis XVI donne forme au mobilier néoclassique, aux lignes droites et symétriques, et remplace peu à peu l’esthétique rocaille. En effet, à partir de 1750 une lassitude à l’égard de ces formes lourdes et travaillées s’illustre au sein des arts décoratifs. Toutefois, le changement de paradigme intervient avec l’avènement du style Louis 16 en 1774. Les découvertes d’Herculanum (1738) et Pompéi (1748) provoque un regain d’intérêt pour l’Antique et ses formes épurées.

Voici quelques critères auxquels prêter attention afin d’identifier un meuble Louis XVI

I. Les lignes du style Louis XVI

Le mobilier Louis XVI s’oppose au Louis XV en ce qu’il abandonne les formes rocailles au profit de la pureté des lignes et de la symétrie. Le rond, l’ovale, le carré et le rectangle reviennent en force, de même que les cannelures des pieds, directement inspirées des colonnes grecques. 

Fauteuil Louis XVI Jacob
Fauteuil Louis XVI estampillé Jacob, circa seconde moitié du XVIIIe siècle. Moulures droites et pieds cannelés.

II. Les décors du style Louis XVI

La frise

Alors que les lignes du mobilier deviennent droites, l’ornementation des meubles Louis XVI se détache des rocailles Louis XV. La frise devient à nouveau un élément de décors privilégié, agrémenté de motifs grecs, pompéiens, de perles, de motifs végétaux,…

Frise Louis XVI. Bronze doré. Feuillages.
Frise de feuillage Louis XVI en bronze doré. 

Nœuds, rubans et vases

En outre, d’autres éléments tels que des pommes de pin, des nœuds, des guirlandes enrubannées, des médaillons,  des attributs amoureux ou de mariages, des cassolettes ou des vases viennent agrémenter les décors Louis XVI et sont, jusqu’alors, inédits.

Entrée de serrure Louis XVI. Bronze doré. Noeuds, guirlandes de fleurs.
Entrée de serrure Louis XVI en bronze doré. Motifs de noeuds et de guirlandes. 

Motifs naturalistes

Les motifs Louis XVI s’inspirent des jardins naturalistes, promus par l’intendant du jardin du roi, Georges-Louis Leclerc de Buffon. De faits, des motifs tels que des paniers fleuris ou des feuilles d’eau, d’acanthe, de laurier ou d’olivier soulignent les lignes et structures géométriques.

Les trophées

Bien que le style Louis 16 opère une véritable rupture par rapport au Louis 15, il en conserve néanmoins certains éléments de décors. Tel est le cas des trophées. Les trophées de musique et d’armes, par exemple, ornementaient déjà, quelques décennies auparavant, les arts décoratifs, qu’il s’agisse de mobilier, d’orfèvrerie, de céramique,… Si le Louis XVI conserve ces motifs, il en ajoute d’autres comme le trophée champêtre, contenant des bêches, des râteaux, des chapeaux de bergers,…

III.  Les matériaux de mobilier Louis XVI

Le bâti du mobilier Louis XVI se réalise en hêtre ou en noyer lorsque l’œuvre relève de la menuiserie. A contrario, les meubles d’ébénisterie recourent au chêne au sapin. Lacajou, le bois de violette et l’amarante servent au placage. En outre, le mobilier peut être rehaussé de bronzes ciselés dorés ou d’éléments de cuivre et de bronze. Tel est le cas des galeries en bronze ajouré qui entourent le plateau de certaines tables et commodes afin de retenir les objets déposés. Les plaques en porcelaine de la Manufacture Royale de Sèvres apparaissent également.

Enfin, le vernis à la française ou la gomme laque recouvre fréquemment les bois de placages. Il peut arriver que le bois naturel soit simplement laqué en blanc et gris rehaussé d’or à la feuille.

Secrétaire de cabinet attribué à Martin Carlier, circa 1774.  Placage de tulipier, d’amarante, de houx et de sycomore. Rehaussé de six plaques en porcelaine tendre de Sèvres et deux plaques en étain, d’une galerie ajourée et d’éléments en bronze doré, de marbre et de soie moirée. ©Metropolitan Museum of Arts. 

Le saviez-vous ?

Le plateau de marbre a été ajouté sur les meubles et commodes Louis XV pour la première fois. La raison pour laquelle un plateau de bois et marqueterie est remplacé par du marbre trouve son explication dans l’usage fait de la commode. Dorénavant, elle sert à déposer des bases de fleurs et autres petits objets de collection. Il est donc nécéssaire de pouvoir nettoyer ces surfaces et de les rendre résistantes à l’eau. 

IV.  Le  style Marie-Antoinette

Dès son arrivée à Versailles, Marie-Antoinette développe un ligne esthétique en matière d’arts décoratifs. Ce courant se caractérise par une profusion de boiseries, de miroiteries et de soieries florales. A cet égard, l’architecte Jacques Gounduoin dessine les jacquards les plus célèbres. L’ornementation évoque des scènes champêtres, enfantines ou antiques et s’accompagne de décors naturalistes. Ces derniers se caractérisent par une abondance de fleurs, de rinceaux de feuillages, de nœuds et rubans et de guirlandes. Les laques japonaises apparaissent comme éléments de décors en mobilier.

Fauteuil à la reine. Siège Louis XVI. 
Fauteuil Louis XVI. Soie. Par J. Gondouin.
Fauteuil à la Reine recouvert de soie à motifs floraux, crica 1779. Fauteuil et soie dessinés par J. Gondouin pour le grand cabinet intérieur de la reine à Versailles. ©Metropolitan Museum of Arts. 

Par ailleurs, les intérieurs Marie-Antoinnette regorgent de bibletos tels que des vases, des pendules, des cassolettes, des diffuseurs de parfum et des objets précieux de la vie courante. Tel est le cas, par exemple, de livres en cuir, de boîtes à éventails ou à gants.

Jean-Henri Riesener

Le mobilier de style Marie-Antoinette est inspiré des meubles créés pour les appartements de Versailles et du petit Trianon. La plupart de ses œuvres ont été réalisées par l’ébéniste favori de la Reine, Jean-Henri Riesener.

Commode par J. H. Riesener, circa 1783. Réalisée pour le grand cabinet intérieur de la reine à Versailles. Bronze doré et laque japonaises. ©Metropolitan Museum of Arts. 

V. Les meubles Louis XVI

Dans la lignée des styles Louis XV et transition, le mobilier Louis XVI est comprends des sièges, des bureaux, des tables et guéridons, des armoires et commodes, de lits,…  

Les chaises et fauteuils  Louis XVI

Les chaises et fauteuils Louis XVI se distinguent par leurs pieds en colonnes cannelés, qui peuvent, à l’occasion, être rudentés, en fuseaux ou en toupies. Divers types de chaises et sièges appartenant aux styles précédents sont repris et adaptés. Il s’agit, notamment, des chaises à la reine, des fauteuils rembourrés, les bergères ou cabriolets. Néanmoins, de nouveaux types de chaises et sièges apparaissent. Il s’agit par exemple du fauteuil ou de la chaise à médaillon. Par ailleurs, une influence anglaise apparaît dans la confection de certains dossiers qui deviennent ajourés, agrémentés de motif de lyres, de gerbes ou de montgolfières. Enfin, un dés est apposé  à chaque angle de la ceinture de l’assise et relie cette dernière aux quatre pieds.

Bergère à dossier médaillon en cabriolet Louis XVI, circa dernier quart du XVIIIe siècle. En vente sur Antikeo. 

Les tables Louis XVI

Au vu de la diversité des usages, le nombre de tables différentes à l’époque Louis XVI est extrêmement important. En effet, nous pouvons citer la table cabaret qui sert à prendre des boissons, la table à déjeuner, pour manger une collation ; la table rafraichissoir qui permet de rafraîchir les boissons ou encore la table bouillotte dessinée au jeu de la bouillotte (jeu de cartes).

Table bouillotte Louis XVI.Acajou massif, placage, galerie de laiton ajourée. Pieds cannelés.
Table bouillotte Louis XVI, crica seconde moitié du XVIIIe siècle. Acajou massif et plaqué, marbre veiné, galerie en bronze ajouré. En vente sur Antikeo. 

Les meubles de rangement, de conservation et d’exposition Louis XVI

En outre, les ébénistes reprennent des formes de mobilier telles que des armoires, des commodes, des chiffonniers, des meubles bas, des bibliothèques et des encoignures et les décorent dans le goût néoclassique. Les commodes, par exemple, possèdent des pieds gainés,  entre deux et cinq tiroirs et des poignées épurées, ressemblant à un simple anneau. Par ailleurs, il n’est pas rare que les pans des meubles soient coupés.

Encoignure Louis XVI. Meuble Louis XVI. Acajou. Marbre. Placage. Mobilier Louis XVI. Mobilier néoclassique.
Encoignure Louis XVI à pans coupés, crica dernier quart du XIXe siècle. Placage en bois de rose et amarante. Plateau en marbre Portor Ator. En vente sur Anikeo. 

Nouvelles formes

Bien que les formes de meubles des styles précédents soient reprises, de nouvelles apparaissent également avec le style Louis XVI. Il s’agit, entre autres, de la commode en demi-lune et de la vitrine, dérivée de l’armoire classique.


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