Marteau à sucre traditionnel – Haut Atlas marocain Bois dur patiné – Longueur : env. 24 cm – Tête : 12 cm – 3.5 cm – Poids : 130 g
Datation estimée : fin XIXᵉ – début XXᵉ siècle Marteau à sucre traditionnel – Haut Atlas marocain Type : Marteau à sucre (begada / bgadda) Origine : Maroc, Haut Atlas (zone rurale berbère) Datation estimée : Fin XIXᵉ – première moitié du XXᵉ siècle Matériau : Bois fruitier dur (probablement noyer ou amandier), patine d’usage ancienne
Description détaillée Ce marteau à sucre traditionnel, sculpté dans un bois dense, présente la forme caractéristique d’un begada, outil rural utilisé pour casser les cônes de sucre ( qand fassi ou qand as-sukar ).
La tête est massive, arrondie et lisse, totalement patinée par des décennies d’usage domestique.
Le manche, long et étroit, possède une section plus large à la base, taillée en pointe arrondie identique à celle observée dans plusieurs artefacts berbères anciens. Traits stylistiques et techniques
Tête ovale légèrement arquée, présentant des marques d’impact anciennes, cohérentes avec une utilisation sur des pains de sucre.
Manche plat, allongé, aux côtés légèrement chanfreinés.
Extrémité inférieure sculptée en forme de langue arrondie, facilitant la prise et parfois utilisée comme petit levier pour briser les morceaux.
Patine ancienne, mate et sèche, témoignant d’un long usage culinaire.
Traces d’oxydation et taches anciennes, cohérentes avec un usage dans un environnement domestique rural (cuisine, jarre à sucre, plateau à thé).
Fonction Comme la majorité des begada du Haut Atlas, cet outil était utilisé pour :
Briser les cônes de sucre dur compact (qand), très répandus au Maroc jusque dans les années 1960.
Réaliser des éclats fins destinés à sucrer le thé, les laitages ou les pâtisseries.
Dans certains foyers, il servait également à concasser d’autres produits durs : amandes, gousses aromatiques, noyaux.
La forme plate et fine du manche permettait aussi d’insérer l’extrémité dans les fissures du cône afin de créer une première cassure.
Analyse ethnographique Le sucre en cône constituait une denrée précieuse. Chaque maison possédait généralement :
un marteau à sucre,
un couteau à sucre,
et un petit plateau ou mortier en bois.
Les marteaux les plus simples, comme celui-ci, étaient souvent de fabrication domestique ou villageoise. Leur patine témoigne de la fréquence d’utilisation : le thé marocain nécessitait une grande quantité de sucre, dont l’éclatement constituait presque un rituel. Le modèle présenté ici appartient aux formes anciennes non décorées, plus rares aujourd’hui dans cet état d’origine car :
la majorité a été perdue ou brûlée,
beaucoup ont été réutilisés comme outils agricoles ou pour casser des épices,
les formes décorées ont davantage attiré l’attention des collectionneurs européens.
Comparaisons muséales Bien que les musées occidentaux conservent peu de marteaux à sucre berbères, on en trouve :
Musée du Quai Branly – Jacques Chirac : plusieurs ensembles domestiques marocains comprenant couteaux et marteaux à sucre (collections rurales, inventaires non publiés).
Musée de Marrakech (Dar Si Saïd) : outils domestiques en bois du Haut Atlas (département ethnographique).
Musée du Patrimoine Amazigh, Agadir : outils culinaires anciens incluant marteaux et couteaux à sucre.
Musée du Bardo de Rabat : objets domestiques amazighs (outils culinaires et de préparation du thé).
Bibliographie spécialisée
J. Robichez, Arts et Traditions du Maroc Rural, Casablanca, 1984.
H. Basset & R. Montagne, Le Maroc Berbère, Paris, 1930.
M. Peyron, Berbères du Haut Atlas : Vie quotidienne et objets domestiques, 1998.
El Fassi & Laoust, Ethnographie du Maroc, CNRS.
B. Rosenberger, Objets domestiques du Maroc rural, Musée de l’Homme, 1965.
État de conservation
Très bel état authentique, sans restauration visible.
Usures anciennes, patine régulière.
Traces d’impact cohérentes avec l’usage traditionnel.