Marteau à sucre en bois Begada du Haut-Atlas marocain Bois dur patiné – Longueur : env. 27 cm – Tête : 18 cm – 4 cm – Poids : 290 g
Datation estimée : fin XIXᵉ – début XXᵉ siècle Ce type de marteau, est un outil traditionnel du Haut-Atlas marocain, utilisé dans les foyers ruraux pour casser les cônes de sucre durci (qand), vendus autrefois sous forme de pains coniques compacts imposant l’usage d’un marteau et d’un pic pour être fragmentés avant consommation.
Les femmes en étaient principalement les utilisatrices.
L’objet était omniprésent dans les cuisines rurales jusqu’aux années 1960-70.
Chaque famille possédait son propre marteau, souvent transmis de génération en génération.
Description détaillée Matériau
Bois dur local (probablement noyer, laurier ou thuya, très utilisés dans l’artisanat rural marocain).
Belle patine brun-noir résultant de décennies de manipulation, de frottements et de contact avec les masses de sucre.
Tête trapézoïdale légèrement asymétrique, aplatie, avec arrêtes adoucies par l’usage.
Fixation renforcée par deux chevilles en acier (souvent ajoutées plus tard pour prolonger la durée d’usage).
Manche long et légèrement courbé, permettant d’amplifier le mouvement lors du bris des pains de sucre.
Décors pyrogravés caractéristiques :
Lignes ondulées et zigzags, symboles d’eau, serpents, ou motifs de protection dans l’iconographie berbère.
Marques verticales répétées, typiques du répertoire féminin rural (le décor est souvent réalisé par les femmes de la maison).
Patine
Patine exceptionnelle, brune profonde, lustrée aux endroits de préhension.
Très forte usure ancienne, non artificielle, parfaitement cohérente avec l’usage domestique quotidien d’un siècle.
État de conservation État global : usure importante mais saine.
Très bel état général pour un objet utilitaire.
Abrasions d’usage nombreuses mais cohérentes.
Patine exceptionnelle, homogène.
Petites fentes stabilisées dans la tête, sans fragilité structurelle.
Extrémité du manche légèrement arrondie par l’usure : témoin d’un usage intensif.
Cet état correspond parfaitement à un objet authentique, ancien (milieu XXᵉ siècle) et non à une fabrication récente. Ce type d’outil est désormais rare, car la quasi-totalité a disparu des foyers avec la fin des pains de sucre massifs et l’introduction du sucre raffiné moderne.
Cet exemplaire représente parfaitement un outil domestique berbère traditionnel, aujourd'hui devenu un objet ethnographique de plus en plus recherché.
Sa patine profonde et les motifs pyrogravés indiquent un objet ancien, authentique et souvent transmis au sein du foyer. C’est une pièce simple mais hautement culturelle, témoin essentiel de la vie quotidienne dans les villages berbères du Haut-Atlas avant l’ère moderne.
Références bibliographiques & muséales Ouvrages de référence Jean Besancenot – Artisans du Maroc, 1935–1945. (dessins et inventaires d’objets ruraux marocains). Marie-Françoise Leccia – Arts et traditions du Maroc, Éditions du CNRS. R. Montagne – Les Berbères et le Makhzen, 1930 (annexes sur les objets domestiques). M. Peyron – Berbères du Haut-Atlas, 1990. É. Doutté – Magie et Religion en Afrique du Nord, 1908 (symbolique des motifs). Des marteaux à sucre similaires sont conservés dans : Musée du Quai Branly – Jacques Chirac, Paris Inv. 71.1936.148.1 : Marteau à sucre berbère, décor pyrogravé comparable. Musée du Bardo, Rabat (Maroc) Salle ethnographie berbère : marteaux domestiques Aït Atta et Aït Ouaouzguite. Musée Dar Si Saïd, Marrakech Plusieurs exemplaires décorés de motifs similaires (pyrogravure en zigzag). Musée de l’Homme, Paris Collection des objets du quotidien marocain (fonds Le Chatelier).